L'holycratie invite à être au service et à l'écoute de la vie, en soi et autour de soi. Cette orientation fondamentale, lorsqu'elle est pleinement vécue, élève chaque être au rôle de gardien du vivant, appelé à répondre avec conscience et sensibilité aux appels que la vie lui envoie. Dans ce contexte, être propriétaire ou usager d'un bien signifie avant tout en être le gardien. Il en prend soin et en vise son meilleur usage, pour le plus grand bien de tous les êtres.
Toutefois, vivre cet idéal en tant que (co-)propriétaire implique un certain degré (voire un degré certain..) de détachement . Lorsque nos attachements émotionnels sont touchés, il devient plus difficile de rester pleinement aligné sur ce qui sert au mieux la vie. Dans ce genre de situation, les propriétaires tendent à revendiquer leur autorité exclusive sur leur bien ou, en l'absence, à se sentir lésé voire abusé..
Le problème est encore plus épineux et complexe lorsqu'un bien est acquis (ou créé), géré et entretenu collectivement, ce qu'on appelle un "commun".
Comment gérer les opinions divergentes sur l'usage ou l'évolution d'un commun ?
Comment gérer les différences parfois très significatives de contribution (en argent ou en temps) ayant permis l'acquisition collective ou la création ou encore l'entretien du bien ?
Ces situations ne sont pas rares, et elles fragilisent souvent les projets, quand elles ne les détruisent pas... Car lorsque les questions d'argent, de propriété, de travail sont sur la table, les beaux idéaux, même s'ils reflètent une réalité profonde, ont souvent de la peine à régner face à des réflexes plus "élémentaires".
Dans ce contexte, nous préconisons des démarches qui concilient la réalité supérieure de l'auto-organisation du vivant avec un pragmatisme organisationnel permettant de gérer les dissensions de manière juste et transparente lorsque les différents acteurs échouent à reconnaître et vivre l'unité.
Pour cela, nous proposons deux niveaux de gouvernance:
- le premier niveau est fondé sur la réalité de l'unité et invite à des modalités organisationnelles et
décisionnelles qui la reflètent
- le second est fondé sur des principes de justice, certes relative mais transparente, permettant aux personnes les plus engagées ou les plus reconnues dans leur discernement (selon les contextes) à avoir un poids supérieur dans des décisions soumises au vote ("démocratie pondérée").
Cas I: prise en compte de l'engagement:
- chacun reçoit un nombre de voix proportionnel à son engagement financier ou au travail offert.
Cas II: prise en compte de l'expertise, du discernement, de la sagesse, selon appréciation des paires:
- chacun peut en tout temps donner sa/ses voix à une autre personne qu'il considère mieux à même de comprendre les enjeux et de prendre une décision juste et bénéfique que lui-même sur un sujet donné, pour une raison ou une autre. Ainsi, certaines personnes peuvent être amenées à représenter un ou plusieurs autre(s) individu(s), augmentant d'autant le poids de leur choix dans les séances de décision par vote. Les personnes à qui une ou plusieurs voix supplémentaire(s) sont proposées doivent valider ce transfer. Ils peuvent refuser sans justification. Cette délégation peut être annulée en tout temps. Pour les grands groupes, cette "démoctratie liquide" tire grandement parti des possibilités actuelles de l'informatique de réseau, par l'usage d'outils organisationnels conçus pour cela.
Ces deux cas peuvent également fusionner. Il s'agit alors de donner un nombre de voix proportionnel à l'engagement individuel ET de rendre possible la délégation d'une, de plusieurs ou de la totalité de ses voix.
Sur la base de ces considérations, nous proposons un modèle générique de gestion des communs, dans la rubrique "boîte à outils". Vous pouvez accéder directement au modèle en cliquant sur le lien ci-dessous: